In the moment when France is about to take the presidency of the European Union, MEDEL recalls the historical responsibility of France in defending the rule of law, and the unique opportunity to use the political crisis we are going through to promote a democratic transformation of the European Union. You can read the statement below:
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France is about to take the presidency of the European Union while it is facing one of the most important crises in its history. Taking advantage of the insufficient democratization of the European institutions, several Member States are now conducting a real offensive against the humanist foundations of the European project. In Poland, Hungary, but also in Bulgaria or Slovenia, governments turn authoritarian. While they claim to fight against the so-called “diktats” of Brussels, they are directly undermining the rule of law and one of its main pillars: the independence of justice.
The European Commission and the Court of Justice of the European Union have implemented infringement procedures to counter this authoritarian drift, especially in Poland. However, without the active intervention of the other Member States – and in particular the most influential among them – the European institutions alone will not be able to prevent the worsening of the political crisis we are experiencing. This is why France, which always presents itself as the homeland of human rights, must dedicate its presidency of the European Union to the effective strengthening of the rule of law.
But if the French authorities want to be credible, if they want to avoid any accusation of duplicity from the part of authoritarian governments now sanctioned by the Court of Luxembourg, they have to put an end to the serious infringements of the rule of law observed in its own territory.
While the budget allocated to French courts remains below the average of the countries of the continent, the French government will have to commit itself to bring it to the level that should be the one of the second largest European economy. While a completely independent European prosecutor is now operating, France shall guarantee the independence of its prosecutors so that they can finally be seen as «magistrates» within the meaning of the European Convention on Human Rights.
While the European Court of Human Rights condemned the French State on 30 January 2020 for the systemic violation of the right to dignity of detained persons, it will have to put an end to the endemic overpopulation of its prisons, source of serious human rights violations and aggravation of social violence.
While twenty-seven migrants died on 24 November, trying to cross the Channel to England, France will have to thoroughly review its policies of welcoming migrants to ensure that their fundamental rights are respected, especially children. It will also have to commit itself to promoting, within the European Union, policies more respectful of the right to asylum and the fundamental rights of migrants.
While in 2019, the UN Commissioner for Human Rights and her Council of Europe counterpart successively pointed to the serious and persistent violations of freedom of expression and demonstration committed by the repressive authorities, France must ensure that its policy of preventing and combating abuse of force is improved and that the right to safety of all citizens is granted.
Finally, while many candidates for the presidential election openly state that they want to follow the example of the Polish authorities, France will have to reaffirm without ambivalence its commitment to the rule of law of the European Union.
Because it has an historical responsibility in defending the rule of law, France has a unique opportunity to use the political crisis we are going through to promote a democratic transformation of the European Union, which must cease to be the «Europe of the merchants» to become an instrument for the continuous strengthening of freedoms. MEDEL stands ready to support all the efforts of the French government in this direction.
(FR) ———–
DÉCLARATION DE MEDEL SUR LA FRANCE
Au moment où la France s’apprête à prendre la présidence de l’Union européenne, MEDEL rappelle la responsabilité historique de la France dans la défense de l’Etat de droit, et l’opportunité unique d’utiliser la crise politique que nous traversons pour promouvoir une transformation démocratique de l’Union européenne.
L’Etat français s’apprête à assumer la présidence de l’Union européenne au moment où celle-ci est confrontée à l’une des crises les plus importantes de son histoire. Profitant de l’insuffisante démocratisation des institutions européennes, plusieurs Etats membres mènent aujourd’hui une véritable offensive contre les fondements humanistes du projet européen. En Pologne, en Hongrie, mais aussi en Bulgarie ou en Slovénie s’observe la dérive autoritaire de gouvernements qui, sous couvert de dénoncer les supposés diktats de Bruxelles, s’en prennent directement à l’Etat de droit et l’un de ses principaux piliers : l’indépendance de la Justice.
La commission européenne et la Cour de justice de l’Union européenne ont certes mis en œuvre des procédures de sanction pour s’opposer à cette dérive autoritaire, en particulier en Pologne. Mais sans l’intervention active des autres Etats membres – et notamment des plus influents d’entre eux – les institutions européennes ne pourront pas, à elles seules, empêcher l’aggravation de la crise politique que nous traversons. C’est pourquoi la France, qui se présente toujours comme la patrie des droits de l’homme, se doit de consacrer sa présidence de l’Union européenne au renforcement effectif de l’Etat de droit.
Mais si elle veut être crédible dans cette entreprise, si elle veut éviter toute accusation de duplicité de la part des gouvernements autoritaires aujourd’hui sanctionnés par la Cour de Luxembourg, la France devra commencer par mettre un terme aux graves atteintes à l’Etat de droit observées sur son propre territoire.
Alors que le budget alloué aux juridictions françaises reste inférieur à la moyenne des pays du continent, le gouvernement français devra s’engager à le porter enfin au niveau qui devrait être celui de la deuxième puissance économique européenne. Alors que vient d’être installé un procureur européen complétement indépendant, la France devra garantir l’indépendance de ses procureurs pour qu’enfin ils puissent être regardés comme « magistrats » au sens de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales.
Alors que l’Etat français a été condamné le 30 janvier 2020 par la Cour européenne des droits de l’homme en raison de la violation systémique du droit à la dignité des personnes détenues, il devra mettre fin à la surpopulation endémique de ses prisons, source de graves violations des droits humains et d’aggravation de la violence sociale.
Alors que vingt-sept exilés sont morts le 24 novembre dernier en tenant de rejoindre l’Angleterre en traversant la manche, la France devra réviser en profondeur sa politique d’accueil des personnes migrantes pour veiller au respect de leurs droits fondamentaux, en particulier ceux des enfants. Elle devra également s’engager pour promouvoir, au sein de l’Union européenne, une politique plus respectueuses du droit d’asile et des droits fondamentaux des exilés.
Alors qu’en 2019, la commissaire aux droits humains de l’ONU et son homologue du Conseil de l’Europe ont successivement pointés les atteintes graves et persistantes à la liberté de manifestation et d’expression commises par les autorités répressives, la France devra veiller à améliorer sa politique de prévention et de lutte contre les abus dans l’exercice de la force et à garantir à tous les citoyens le droit à la sûreté.
Enfin, alors que de nombreux candidats à l’élection présidentielle indiquent ouvertement vouloir suivre l’exemple des autorités polonaises, la France devra réaffirmer sans ambivalence son attachement à la primauté du droit de l’Union européenne.
Parce qu’elle a une responsabilité historique dans la défense de l’Etat de droit, la France dispose d’une opportunité unique de faire de la crise politique que nous traversons l’outil d’une transformation démocratique de l’Union européenne, qui doit cesser d’être « l’Europe des marchands » pour devenir l’instrument du renforcement continu des libertés. MEDEL se tient près à soutenir et accompagner tous les efforts du gouvernement français dans cette direction.
11 December 2021