Friday, November 22, 2024

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Medel Statement on France: After Poland and Hungary, France?

MEDEL urges the French authorities to definitely respect the freedom of expression of members of the judiciary 

AFTER POLAND AND HUNGARY, FRANCE ?

It is with the greatest concern that MEDEL takes note of the will of French authorities to question the freedom of expression of the magistrates and, through it, to undermine the independence of the French judiciary.

Two days after the European Court of Human Rights decision SARISU PEHLİVAN v. Turkey of 6 June 2023 (which reminds that the professional organizations of judges are central actors of civil society whose statements must benefit from a “high level of protection” since they are part of a “debate on questions of public interest”), the French Senate changed the French magistrates statute to drastically restrain the freedom of expression of the judges unions whenever the issue isn’t directly linked with their professional practice. If this provision has since been mitigated by the Parliament, it is feared that some politicians will use it to restrain freedom of speech of judges and prosecutors.

Indeed, the Minister of Justice is multiplying attacks on freedom of judicial association in general and on the freedom of speech of the syndicat de la magistrature in particular. After having formally referred to the Superior Council of the Judiciary his «questions» on the limits of the freedom of expression of the magistrates, he continues to spread in the media to condemn the statements of the syndicat.

These attacks must be taken all the more seriously since it expressly targets the positions which merely reminded the mission of preserving fundamental rights which is incumbent on the judicial authority in any democratic society and the independence which must be recognized accordingly. These positions have been issued in particular:

-​ On the occasion of a vast police operation implemented in Mayotte with the official aim of combating irregular immigration but in a context where it was to be feared the deployment of excessive repression, several officials local politicians who openly called for extrajudicial action against foreigners.
-​ On the occasion of the riots that took place this summer in the working-class districts of the major French cities following the death of a young person during a police check, in order to recall the need to respect the right to a fair trial of those prosecuted;
– To call for improved investigations about police abuse.

While claiming to work for the rule of law in Europe, it would seem on the contrary that French authorities have chosen to follow in the footsteps of the Polish and Hungarian governments in their endeavour to challenge the independence of the judiciary, at the risk of exposing France to infringement proceedings before the courts of the European Union.

MEDEL reminds, as recognized by all European bodies and in particular the Council of Europe, the European Court of Human Rights and the Court of Justice of the European Union, that participation in public debate on questions of general interest – and in particular on the level of effective protection of public rights and freedoms – is for the magistrates not only a right, but also a duty.

MEDEL therefore urges the French authorities to definitely respect the freedom of expression of members of the judiciary and to work making the “country of the declaration of human rights” the spearhead of reinforcement structures of the rule of law within Europe.

Belgrade, 7 October 2023

———— (FR)

MEDEL exhorte les autorités françaises à respecter sans réserves la liberté d’expression des membres du corps judiciaire 

APRES LA POLOGNE ET LA HONGRIE, LA FRANCE ?

C’est avec la plus grande préoccupation que MEDEL prend note de la volonté persistante des autorités françaises de remettre en cause la liberté d’expression des magistrats et, à travers elle, d’amoindrir l’indépendance de la Justice française.

Deux jours après que la Cour européenne des droits de l’homme ait, dans son arrêt SARISU PEHLİVAN c. Turquie du 6 juin 2023, rappelé que les organisations professionnelles de juges constituent des acteurs centraux de la société civile, dont les propos doivent bénéficier d’un « niveau élevé de protection » dès lors qu’ils s’inscrivent dans un « débat sur des questions d’intérêt public », le Sénat a modifié le statut des magistrats français pour restreindre drastiquement la liberté d’expression des organisations syndicales sur les questions qui ne seraient pas en lien direct avec leur pratique professionnelle. Si cette disposition a depuis été modifiée par le Parlement pour se limiter à rappeler le devoir de réserve des magistrats, il est à craindre que certains politiciens ne cherchent à l’utiliser pour restreindre leur liberté d’expression.

En effet, le ministre de la Justice multiplie ses attaques contre la liberté syndicale en générale et contre le syndicat de la magistrature en particulier. Après avoir officiellement saisi le Conseil supérieur de la magistrature de ses « interrogations » sur les limites de la liberté d’expression des magistrats, il ne cesse de se répandre dans les médias pour condamner les prises de position syndicales.

Ces attaques doivent être prise avec d’autant plus de sérieux qu’elle vise expressément des prises de positions visant à rappeler la mission de préservation des droits fondamentaux qui incombe à l’autorité judiciaire dans toute société démocratique et l’indépendance qui doit lui être reconnue en conséquence et qui ont notamment été adoptées :

– A l’occasion d’une vaste opération policière mise en œuvre à Mayotte dans le but officiel de lutter contre l’immigration irrégulière mais dans un contexte où il était à craindre le déploiement d’une répression démesurée, plusieurs responsables politiques locaux ayant ouvertement appelé à des actions extrajudiciaires à l’encontre des personnes étrangères.
– A l’occasion des émeutes survenues dans les quartiers populaires des grandes villes françaises à la suite du décès d’un adolescent lors d’un contrôle de police, afin de rappeler la nécessité de respecter le droit au procès équitable des personnes poursuivies ;
– Pour réclamer l’amélioration des enquêtes sur les usages abusifs de la force par les services de police ;

Alors qu’elles affirment œuvrer pour l’Etat de droit en Europe, il semblerait au contraire que les autorités françaises aient choisi de s’inscrire dans les pas des gouvernements polonais et hongrois dans leur entreprise de remise en cause de l’indépendance du pouvoir judiciaire, au risque d’exposer la France a une procédure pour manquement devant les juridictions de l’Union européenne.

MEDEL rappelle, ainsi que le reconnaissent l’ensemble des instances européennes et notamment le Conseil de l’Europe, la Cour européenne des droits de l’homme et la Cour de justice de l’Union européenne, que la participation au débat public sur des questions d’intérêt général – et en particulier sur le niveau de protection effective des droits et libertés publiques – constitue pour les magistrats non seulement un droit, mais également un devoir.

MEDEL exhorte en conséquence les autorités françaises à respecter sans réserves la liberté d’expression des membres du corps judiciaire pour faire du pays de la déclaration des droits de l’homme le fer de lance d’un renforcement des structures de l’Etat de droit au sein du continent européen.

Belgrade, 7 octobre 2023

 

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